L'approche bienveillante

L'approche bienveillante vis-à-vis de son chien, ce n'est pas uniquement quand ça nous arrange. Ça n'est pas utiliser des friandises quand tout va bien mais élever la voix quand la situation n'est pas idéale. Ça n'est pas positiver du matériel au rythme du chien quand on n'en a pas besoin mais contraindre son chien à l'utiliser quand « ça prend trop de temps » et qu'on n'a pas mis en place un plan d'apprentissage avant. Ça n'est pas féliciter verbalement quand il ignore le congénère d'à côté mais mettre des saccades quand il se met à aboyer. Ce n'est pas ça, être réellement bienveillant(e) vis-à-vis de son chien.


La bienveillance, le respect, la tolérance vont avec la compréhension. La compréhension réelle de ce qu'implique un environnement donné sur l'état émotionnel de son chien, l'acceptation du fait que tout n'est pas fluide, qu'un individu peut avoir des hauts aussi bien que des bas mais qu'il a avant tout besoin d'être sécurisé plutôt que d'être puni. Un accompagnement réellement bienveillant et respectueux vient se fait à partir du chien afin de mieux comprendre ce qu'il traverse, afin de l'aider à franchir les obstacles du quotidien avec l'aide de l'humain et non pas avec une pression supplémentaire qui le forcerait à se taire.


Il est simple de se dire « positif », bien que ce mot veuille tout et rien dire, mais ce n'est pas seulement renforcer les « bons » comportements. Non, une approche bienveillante vient prendre en compte la globalité de l'individu canin qu'on a en face de nous. Ça signifie se mettre à sa portée, comprendre ses comportements et les émotions qui les accompagnent. Ça veut aussi dire qu'un chien peut porter en lui des traumatismes par le biais de sa génétique ou d'expériences passées, avoir été sélectionné pour réagir par proactivité plutôt que de fuir face à une menace, être douloureux, ne pas être en capacité de réfléchir car il n'est pas bien dans son corps, traverser une période hormonale compliquée... En résumé, c'est prendre en compte tout ce qu'est ce chien-là, précisément, sans le comparer à d'autres, sans lui faire porter le poids des attentes de l'humain.


Hier, Shani a réagi sur un petit chien. Ce n'était pas arrivé depuis longtemps. J'aurais pu m'énerver en lui disant : « mais tu sais faire, tu le fais depuis si longtemps maintenant ». J'aurais aussi pu me remettre à travailler avec elle sur les croisements sur tout le reste de la balade. Ce n'est pas ce que j'ai fait. Je lui ai permis de prendre de la distance, je l'ai fait progressivement redescendre en émotion et on s'est posées toutes les deux à l'ombre d'un arbre pour qu'elle puisse se détendre avant de rentrer à la maison. Shani est en pleine grossesse nerveuse depuis deux semaines, ses hormones fluctuent constamment et expliquent le déclenchement qu'il y a eu sur ce croisement, pourtant à distance raisonnable. Je ne lui en ai pas voulu de réagir, pas plus que je n'ai voulu qu'elle se taise. Non, ma volonté sur le moment a été : « je veux qu'elle s'apaise ».


En prenant en compte l'individu chien, la raison de ses réactions devient un point de départ autour duquel peut graviter notre réflexion pour l'aider à se rasséréner. Si vous voyez des comportements comme « mauvais », « indésirables » et tout ce qui suit, vous allez vouloir les faire taire sans comprendre. Votre objectif ne devrait pas être « mon chien ne doit pas sauter » mais avant toute chose : « pourquoi mon chien saute-t-il ? » et ce, pour tous les comportements. Parce qu'un comportement ne vient jamais de nulle part, il se fait en réponse à un environnement (ou à un état interne) spécifique et témoigne d'un état émotionnel particulier qu'il faut prendre en compte.


© Toutougether - Nicoline Droogmans


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